19.10.2023

Alice Charton, diplômée de l’ENSA Dijon en 2021, a été sélectionnée pour l’édition 2023-2024 de la résidence « Excellence Métiers d’Art » proposée par l’ENSA Dijon et le lycée Henry Moisand à Longchamp

Le  lycée Henry Moisand, section Céramique, est labellisé EMA (Excellence des Métiers d’Art). À ce titre il bénéficie d’un soutien du rectorat de l’académie de Dijon et de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté pour l’organisation d’une résidence d’artiste. Chaque année, un appel à candidatures s’adresse aux diplômé·e·s de l’ENSA Dijon de l’année en cours et des deux dernières années. 

Ce dispositif de résidence a pour vocation de contribuer à l’ouverture culturelle des élèves du lycée, de participer à leur réussite scolaire par la valorisation de leur créativité, de leurs compétences appliquées et de la pertinence de leurs pratiques plastiques. Il a également pour objectif de soutenir l’insertion professionnelle de jeunes artistes, diplômé·e·s de l’ENSA Dijon, par la promotion de leur projet artistique et la dotation d’outils de production.

Le jury

• Amel Nafti, directrice de l’ENSA Dijon
• Simon Freschard, responsable de la communication et des partenariats de l’ENSA Dijon
• Bénédicte Vernet, proviseure du Lycée Henry Moisand
• Corinne Choukroun, professeure au Lycée Henry Moisand
• Valérie Josserand, professeure au Lycée Henry Moisand
• Remy Fenzy, Conseiller pour les Arts Plastiques, Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté
• Yannick Caurel, Conseiller éducation artistique et culturelle, Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté

Alice Charton

Alice Charton est née en 1996, à Paris. Elle vit et travaille à Marseille et à Dijon.

Après un DNSEP option Art obtenu à l’ENSA Dijon en 2021, elle suit la formation CFPI avec l’INSEAMM de Marseille pour être certifiée en tant qu’artiste intervenante en 2022. Au cours de la même année, elle expose au Château de Servières, à Marseille et participe à Art Fair Dijon. En 2023, elle obtient le Prix Spécial du Jury décerné par le domaine Méo Camuzet pour sa pièce Pour que tu continues à m’aimer qui est actuellement exposée à la Cité des Climats, à Beaune. Durant cette année, elle expose Souvenir Assimilé pour le festival Traverse Vidéo, à Toulouse avant d’entamer deux résidences : l’une  dans les Cévennes et l’autre au lycée Henry Moisand à Longchamp (21).

Par une pratique pluridisciplinaire, passant du volume, à la vidéo à l’édition, le travail d’Alice Charton se nourrit des changements qu’occasionnent les nouveaux outils numériques sur nos manières d’aimer et de se rencontrer. Dans un monde de plus en plus pixelisé, elle prend le biais d’utiliser des savoir-faire, des techniques ancestrales, des matières organiques afin de garder un geste, un instant intime avec l’Autre.

Elle puise sa force de création dans ses rencontres. C’est avec Fragment d’un discours amoureux de Roland Barthes, qu’est venue l’envie de créer son propre langage amoureux.

Son projet pour la résidence

Nos déclarations d’amour ont évolué avec nos smartphones, elles se font le plus souvent par texto :

«Nos Sms sont nos nouvelles liaisons dangereuses.» dit Julie Neveux. En effet, nos portables sont devenus l’extension de nous-mêmes. Ainsi, je désire remettre à l’honneur nos lettres d’amour, nos messages vocaux et autres écrits.

Le coquillage est l’objet souvenir par excellence, qu’on rapporte de la plage, que l’on pose sur l’oreille afin de se remémorer le temps passer à la mer. On croit alors écouter le son des vagues mais il s’agit, en fait, du bruit de notre circulation sanguine. Les palpitations du cœur rappellent les sentiments amoureux naissants.

Dans l’idée que l’on puisse emmener la voix de l’être aimé partout avec soi et activer un message quand le besoin de cet être cher se fait ressentir, je suis en train de réaliser un dispositif sonore à mettre à l’intérieur d’une coquille. Cette pièce sera avant tout participative. Cet été, j’ai commencé une collecte de voix et de mots dans le cadre de l’Été culturel avec les associations Alphaleo Chenôve et La Grange aux projets, à Dijon. Une restitution a eu lieu à Un Singe En Hiver, à Dijon.

Durant la résidence au lycée Henry Moisand, je vais continuer cette recherche. Nous allons partir de la coquille afin de réaliser un objet en céramique qui fera office de caisse de résonance pour les messages précieux des lycéen·ne·s :  des messages vocaux à leur famille, à leur amoureux·se, des lettres d’amour, des lettres de rupture, des messages laissés sur le répondeur y seront déposés, des voix rapides, d’autres très lentes, des messages en quatre mots, d’autres qui feront des pages.

L’exposition de fin de résidence prendra la forme d’une chasse au trésor. L’occasion de partager les récits des élèves mais aussi de faire vivre l’art tout en questionnant l’impact du numérique dans notre société.

 

Retour sur la résidence :

1) « De temps en temps, je ferme les yeux pour mieux habiter ta bouche »

Durant la résidence, j’ai réalisé une amphore en grès d’un mètre avec des émaux de cendre de bois de châtaigniers gardé avec moi depuis ma résidence dans les Cévennes en novembre dernier.

Mes seuls bras ne suffisant pas, j’ai été aidé des professeur.e.s du lycée Henry Moisand.

« De temps en temps, je ferme les yeux pour mieux habiter ta bouche » est avant tout une lettre d’amour à un territoire, un hommage à ces paysages mais aussi à des moments complices avec l’être aimé, un quotidien suspendu. Il s’agira d’une installation de plusieurs amphores conservant du vin, des fermentations de végétaux collectés dans les Parc National des Cévennes. Les autres amphores ont été réalisées sur place, et cuites au feu de bois à même la terre des Cévennes.

 

2) Recherches 3D céramiques

Premières recherches avec l’impression céramique 3D. A partir de photos et de scans envoyés par écrans interposés, je réalise des fichiers numériques 3D permettant de rendre matière et réel des fragments de corps.

 

3) Projet avec les CAP:

Messages Précieux

J’ai proposé aux premières CAP tournage et décoration de réaliser des messages sonores, précieux à un être cher. Après avoir réalisé les messages, nous avons réalisé un objet pouvant accueillir notre message, qu’il soit caisse de résonance ou coquille protégeant le message, il était demandé de questionner la résonance ou non du son, de questionner la portée du message pour autrui. Une installation a été produite pour la journée porte ouverte du lycée, mars dernier.