Art & Design

ENSA Dijon

05.04.2012 → 06.04.2012

Colloque / Journée d'étude

Sortir de la grille du modernisme, la Narration

ENSA Bourges

Colloque organisé par le Réseau Peinture

Le modernisme est une émancipation de la pensée d’origine de la Renaissance pour laquelle la peinture était dépendante de la littérature, de la philosophie ou du religieux avec les peintures édifiantes. Les artistes ont dans leur invention formelle, leur style marqué l’affirmation de leur écriture face au narratif souvent imposé par le commanditaire.

Le modernisme a affirmé l’art indépendant de tout espace narratif, la peinture devient autonome de la littérature. Espace géométrique dans laquelle la libération de l’artiste passe par le refus de toute figuration. Toute création sera centrée sur ses propres valeurs intrinsèques, autonomes, faites de lignes et couleurs pures. Par ses oeuvres, l’artiste avant-gardiste participera à la transformation du quotidien dans un désir de changement social et la recherche d’un environnement nouveau et harmonieux pour l’homme contemporain. La théorie de Platon avec la disjonction du sensible et de l’intelligible éclaire la pensée et le processus moderniste. Logos et muthos dialoguent et l’intelligible n’est accessible que par les symboles (figures autonomes qui ne sont pas des métaphores du monde sensible) et les mathématiques.

L’art conceptuel a souvent été reçu comme la quintessence de la pensée moderniste, sauf que Joseph Kosuth, Soll LeWitt ou le minimal Carl André dans leurs écrits n’excluent ni le narratif ni le contextuel. Aujourd’hui la question du narratif est une évidence dans la production artistique en général et plus particulièrement en peinture, citons les peintres John Currin, Daniel Richter, Neo Raush ou Jonas Burgert, Adrian Ghenie. En France, cette question du narratif reste problématique, le rejet suprême pour une certaine critique, en art tout est possible sauf le narratif. Timidement sont concédés des possibles récits. La figuration narrative fut en son temps un contrepoint, voire un contre-pouvoir à l’hégémonie moderniste triomphante. L’objet de cette rencontre n’est pas d’étudier ce rejet typiquement français qui serait éclairant sur l’idéologie avec ses transparences et opacités, mais de définir le ou les narration(s) dans l’art et particulièrement en peinture et d’étudier ses formes diverses, intelligibles et sensibles.

« Se libérer pour un artiste, c’est entrer dans le plan de ce qui est plastique. Le fait que nous ne nous appuyons que sur des éléments concrets ne veut pas dire que l’oeuvre doit être sans figuration, car elle peut être ou ne pas être figurative.» Cf. Guido Castillo. Le retour de Torres-García, p. 209.
Éric Corne

Téléchargez le programme