Art & Design

ENSA Dijon

11.04.2019

Résidence

Partenariat Dijon-Cotonou : Enagnon Fulbert Makoutode

’Un partenariat a été créé avec le Centre Arts et Culture du Bénin. Il implique une réciprocité : chaque année, un.e à deux étudiant.e.s de l’ENSA Dijon sont invité.e.s pour plusieurs mois à résider à Cotonou tandis qu’un.e à deux artistes béninois sont invité.e.s à résider dans l’école pour plusieurs mois.
Enagnon Fulbert Makoutode, artiste peintre basé à Cotonou au Bénin est arrivé à l’école pour 3 mois, jusqu’à fin juin 2019.

 

Selon ses propres propos, Makoutodé Enagnon Fulbert alias Makef aurait rencontré l’art à l’école primaire par l’entremise de son instituteur. Dès lors une passion dévorante pour le dessin et la peinture l’habitera au point de vouloir en faire son métier. Cependant, il n’existe pas d’écoles d’art au Bénin pour lui permettre d’apprendre les rudiments du dessin et de la peinture ; mais qu’importe ! Il apprendra en autodidacte. Ainsi se forme-t-il auprès du peintre béninois Amédée Magou puis auprès du français François Zenner.
C’est certainement chez ce dernier que Makef développera sa prédilection pour les scènes du quotidien, pour le figuratif. En effet, artiste figuratif ? Makef l’est assurément. Et pourtant, il ne s’agit pas d’une mimésis désuète que rejette la plupart des plasticiens béninois, qui veut s’inscrire résolument dans une abstraction parfois mal maitrisée.
Dans le style pictural de Makef, on note l’influence exercée sur lui par Magou et le cubisme. En effet, Makef reprend à son compte un style qui, dit-on, aurait été inspiré à Picasso, Braque et Léger par la statuaire et les masques africains. Une nouvelle digestion, peut-être plus complète de cet art africain désigné très souvent à tort comme un art primitif.
Le style « néo-cubiste » dont il se fait l’écho lui sert à montrer une société béninoise fragmentée, mais qui cherche à se reconstruire. Les cloisons, les compartiments qui apparaissent dans ses toiles ne sont pas hermétiques, ils communiquent entre eux, de sorte que les blessures générées par la déstructuration de la société puissent être suturées par l’intermédiaire de la peinture.
Les thèmes abordés par l’artiste sont éclectiques, mais ils touchent au quotidien des Béninois et questionnent le sens même de l’existence, de la vie. Les dessins de la nouvelle série de MAKEF intitulée « mes nuits insomniaques » apparaissent comme des instantanés de nos actions que nous n’aurions pas forcément aimé afficher au grand jour. Ce sont peut-être nos actes ou nos forfaits commis pendant une pseudo-phase de somnambulisme.
Les images de Makef sont autant de miroirs sur notre être intérieur, qui nous rappellent combien la dualité qui nous fonde peut être prégnante.

 Didier Houénoudé, Historien de l’art, Enseignant-Chercheur au département d’Histoire et d’Archéologie de l’Université d’Abomey Calavi.

 

 

  • La force intérieure.,Stylo bille sur cahier d'écolier, 23 x 28,50 cm. Makef 2019.

  • Makef

  • Le Classicisme.,Stylo bille sur cahier d'écolier, 23 x 28,50 cm. Makef 2019.

  • Le père noël.,Stylo bille sur cahier d'écolier, 28,50 x 23 cm. Makef 2018.