Art & Design

ENSA Dijon

10.12.2012

Conférence

Nathalie Blanc

18h • Amphithéâtre

De l’esthétique en politique : l’environnement, un débat public

Pour traiter d’esthétique environnementale, il faut commencer par parler de nature, et en particulier de nature en ville. La citation de Robert Walser, auteur du célèbre ouvrage L’institut Benjamenta, ouvrira très bien le bal. Il écrivit en 1909 : « La nature manque ici, c’est vrai. Mais quoi, l’endroit où nous sommes est une grande ville, voilà tout. Chez nous il y avait partout de vastes perspectives et des échappées. Il me semble que j’entendais toujours les oiseaux gazouiller le long des rues. Les sources murmuraient toujours. La montagne couverte de forêts baissait son regard majes-tueux sur la ville. Le soir, on se promenait en gondole sur le lac tout proche. Les rochers et les bois, les collines et les champs étaient toujours à quelques pas. Il y avait toujours des voix et des odeurs. Et les rues de la ville ressemblaient à des allées de jardin tant elles paraissaient propres et douces au pas. […] Souvent (dans cette grande ville), à l’heure du déjeuner, je reste à ne rien faire sur un banc. Les arbres de la promenade sont tout à fait ternes. Les feuilles pendent comme du plomb sans naturel. Parfois c’est comme si tout ici était de tôle et de fer léger. »

L’extrait ci-dessus de Walser met en évidence une configuration sensible dans la ville : tel est le jugement esthétique qui gouverne l’environnement urbain, façonne l’espace de dialogue. Cet espace du jugement esthétique instaure, selon Nathalie Blanc, les conditions de création d’un environnement en commun. Voici le point d’entrée de la réflexion qui va suivre.
L’apport à la recherche de Nathalie Blanc concerne le thème de la nature en ville et de l’esthétique environnementale. Son activité créatrice n’est pas limitée à la recherche géographique, mais comporte une forte dimension esthétique. Il ne s’agit pas d’un « supplément d’âme », mais d’un champ de préoccupations qui croise de plus en plus son travail de recherche. Ces travaux artistiques empruntent des voies très diverses : participations à des expositions, réalisation d’un court métrage (Objet particulier), traduction de poésies américaines, création d’une association (LMER : Le Monde Est Rond) pour faire dialoguer poésie et environnement, etc. Elle a également, avant d’être chercheuse à temps plein (à la Délégation interministérielle à la Ville, à l’Union Nationale des fédérations d’organismes HLM, enfin au CNRS depuis 1998), travaillé comme graphiste dans des cabinets d’architecture (Wilmotte, Nouvel).

Conférence proposée par Manola Antonioli.

En priorité destinées aux étudiants et enseignants de l’école, les conférences sont ouvertes au public dans la limite des places disponibles.

Bancs publics,Intervention artistique dans le cadre de Nantes Art création partagée. ,Parc de la Moutonnerie. 2010