05.12.2011
Réalité/Fiction, à propos de Peter Watkins
« Le monde, la science et les arts du XIXe siècle ont engendré le cinéma, et, depuis lors, le monde, la science et les arts de ce siècle ont dû s’adapter à lui… » Walter Abramson.
Depuis une cinquantaine d’années, Peter Watkins réalise des films où la frontière entre la fiction et le documentaire demeure floue. Ce qu’il interroge avant tout, c’est notre rapport à l’image, notre soumission aux codes narratifs « habituels » du cinéma ou de la télévision ; ce qu’il appelle : la « monoforme ». Le risque de cette standardisation est de transformer, non seulement, notre représentation, notre façon de filmer le réel mais peut-être bien notre façon de l’appréhender.
Nous nous pencherons plus précisément sur cet aspect de l’œuvre de Watkins. Nous prendrons essentiellement comme exemple le film La commune qui retrace la guerre civile parisienne de mars à mai 1871. Nous verrons comment Watkins a demandé à ses acteurs d’être eux-mêmes, et de choisir leur camp en leurs âmes et consciences. Comment ils se sont pris au jeu et n’ont pas interprété des « communeux » ou des « versaillais » mais ont finalement rejoué cet épisode de notre histoire. Plus « personne » que « personnage », chacun est venu avec son point de vue, acceptant de faire parler un autre soi-même, de se faire filmer dans une situation où le passé et le présent, l’histoire et l’actualité, la fiction et le documentaire semblaient indissolublement liés.
Peter Watkins, né en 1935, filmographie partielle :
1964 – Culloden
1966 – La bombe
1971 – Punishment Park
1976 – Edvard Munch
1994 – Le libre-Penseur
2000 – La commune (Paris, 1871)
Stéphan Castang, né en 1973, est auteur et réalisateur, il alterne le jeu, l’écriture et la réalisation.
Il tourne actuellement avec le Théâtre de la Tentative (Enfants du siècle, un dyptique). Il a travaillé avec la compagnie L’Artifice en tant que comédien (Nam-Bok le hâbleur, Aucassin et Nicolette) et dramaturge (Lettres d’amour de 0 à 10, Molière 2005 du spectacle jeune public). Pour la compagnie du détour, il a écrit Tri Sélectif, Florilège du discours politique, La révolution n’aura pas lieu dimanche. Il est également l’auteur de plusieurs textes autobiographiques où il se peint à la manière d’un héros : Boule de gomme, Le défilé de César, Une divine tragédie (commande de l’ensemble intercomtemporain) et Panthéon discount. Il réalise des films se situant entre fiction et documentaire : La viande, Faire avec le réel, 9. November et Jeunesses françaises.
Conférence dans le cadre de l’Atelier de Recherche et de Création Du journal filmé au film journal (réalité/fiction), mené par Lydie Jean-Dit-Pannel, Martine Le Gac, Jean-Christophe Desnoux et Lionel Thenadey.
En priorité destinées aux étudiants et enseignants de l’école, les conférences sont ouvertes au public dans la limite des places disponibles.
