21.10.2018 → 28.10.2018
Pour la 3° année consécutive les étudiant.e.s de l’ARC « Art & Science » et plus précisément du workshop « Exoplanètes » encadré par le collectif Labofactory participent au salon des « Réalités nouvelles » du 21 au 28 octobre 2018 au Parc floral de Paris.
PAYSAGES EXTRASOLAIRES
Paysages Extrasolaires, le nouveau dispositif présenté par Labofactory met en dialogue deux installations, Soleil irrésolu et Exoplanètes, et interroge nos perceptions face à l’univers que la science invente, à la fois poussière d’étoile, scintillements acérés sur le froid de la nuit et cosmos intériorisé dans le vertige de l’exploration astrophysique.
L’exposition Paysages Extrasolaires explore les mondes imaginaires hors du système solaire dont la recherche astrophysique révèle les échos tangibles, exoplanètes dont l’ombre portée sur leur soleil manifeste l’existence. Un système stellaire, composé de planètes qui apparaissent, disparaissent, se substituent à d’autres orbites autour d’un soleil liquide hérissé de vagues en fusion. Chaque exoplanète émet des pulsations qui font vibrer l’atmosphère. Avec le grondement des éruptions stellaires, elles composent une étrange symphonie astrale, un univers sonore en perpétuelle révolution.
La vie dans l’univers reste une énigme, mais nos observations repoussant les limites de l’univers mesuré jusqu’à l’instant où l’espace est devenu transparent, démontrent notre besoin de construire un lien physique avec le cosmos, un imaginaire au-delà de notre rêve de connaissance. Est-ce ce Soleil irrésolu qui irradie les Exoplanètes qui lui font face ? Est-il à l’origine de ces extraordinaires Paysages Extrasolaires ou bien appartiennent-ils encore à d’autres systèmes solaires ?
Plongé dans le noir, l’espace devient un voyage transfiguré à travers le cosmos, peuplé d’exoplanètes inventées. Une immersion sensorielle, une suite d’espaces à matérialité faible, presque intangible, des exoplanètes. Les exomondes sont ainsi la quête d’un autre soi, mais exo signifie seulement hors de nous, de notre pensée. La crise écologique actuelle n’est-elle pas la conséquence du fait que l’homme-culture perçoit, en rompant le lien symbiotique avec la nature, la Terre comme extérieure, hors de lui… la Biogée comme exoplanète primordiale… La crise actuelle est écologique et sociale, elle dit autres, exotiques, les anciennes cultures, les cultures populaires, les savoirs situés. Mais le monde technologique, celui des machines qui survivront à la sixième extinction est encore en devenir, une planète inconnue est en formation sous nos yeux, une exoplanète venu du « Ça » à moins que ce ne soit du « IA » comme dans Planète interdite, film réalisé en 1956 par Fred Mc Leod Wilcox.
SOLEIL IRRÉSOLU
De LABOFACTORY : Jean-Marc CHOMAZ, Laurent KARST, Greg LOUIS, avec la participation de Margaux MAUFROY, Valérian VAUDE, Anouk DAGUIN et Aniara RODADO.
Une vibration sourde, un espace qui hésite à se déployer, un disque orange, tourmenté de tempêtes primordiales, grande bouche torve d’un cosmos indécis. A distance de ce soleil rouge et vibrant, trois formes noires élancées ont entamé un dialogue, dualité des lignes, réversibilité des rayons. Au centre du cylindre noir, une mince lentille liquide pulse, paysage de vagues lumineuses en réseau, quadrature insoluble, hésitante et mobile. Les deux autres formes semblent penchées sur ce microcosmos, deux grandes crosses ou bien sceptres commandant un royaume de lumière : l’une est mince, l’autre terminée d’un cône dont la base concave est identique en taille à la lentille lumineuse. Face à ce dispositif, au rythme des ondes qui parcourent la mince couche liquide, le grand disque se déchire puis se calme, soleil irrésolu des origines, mémoire de l’instant primitif où le flot du temps n’avait pas encore décidé de la pente.
L’espace sonore de Soleil irrésolu a été conçue avec Greg Louis, compositeur, à partir des signaux hertziens émis par le Pulsar du Crabe. Le travail de composition utilise les données des fréquences émises par le pulsar disponible dans la littérature scientifique depuis sa découverte en 1968 et les extrapole jusqu’à l’apparition de cette étoile à neutron résidu de l’explosion de la supernova dans la galaxie du Crabe en 1054 inscrite dans les relevés astronomiques chinois. Dans l’installation, cette partition de vibration du pulsar est jouée en remontant perpétuellement le temps d’aujourd’hui jusqu’à son apparition en 1054 et les tempêtes de ce Soleil irrésolu sont directement produites par les ondes sonores émises dans le lieu d’exposition que le visiteur expérimente avec son corps.
EXOPLANÈTES
De LABOFACTORY : Jean-Marc CHOMAZ, Laurent KARST, Filippo FABBRI (création sonore), Luc ADAMI (coordination vidéo), avec la participation des étudiant.e.s de l’ENSA Dijon : Matice FOLLIS, Louise VULBEAU, Yeon-Jae KIM, Nicolas BOCCARD, Lucien BONNET, Virginie NUGERE, Erika POVILONYTE, Leslie MALFONDET, Naeun OH, Brian LAVAL, Guénaël MORVAN, Camille MOREAU, Sophie MISA, Geunyoung KIM, Yeon-Jae KIM, Junyang LI, Maëva FERREIRA DA COSTA, Jeongwon WOO, Margaux MAUFROY et Anouk DAGUIN.
Plus de 4000 exoplanètes ont été découvertes depuis 20 ans. Les signaux provenant de ces corps célestes sont indirects, des ombres portées sur leur étoile.
L’installation vidéo Exoplanètes rassemble une trentaine de corps célestes imaginaires, créés lors d’un workshop en décembre 2017, conduit par le collectif Labofactory à l’école des Beaux-Arts de Dijon, et qui a rassemblé chercheurs et artistes. Après un exposé des recherches actuelles en astronomie sur les planètes extrasolaires et les modalités de leur détection par le physicien Vincent Boudon, les étudiants et chercheurs se sont emparés de différents éléments comme l’eau, la brume, l’air, la lumière et même la fusion de la matière, pour inventer leur propre monde fait d’ondes, de courants, de climats et d’agitations. De ces processus d’expérimentation, il résulte des planètes improbables, imagination scientifique, rêve d’enfant, monde en devenir. Exoplanètes est une installation conçue comme un paysage visuel et sonore vivant et changeant, où des planètes apparaissent, disparaissent, dialoguent, s’entremêlent, chacune ayant sa propre vibration.
La trame musicale de cette œuvre a été conçue par le compositeur physicien Filippo Fabbri. Elle repose sur l’identité sonore de chaque exoplanète en fonction de plusieurs facteurs, notamment leur aspect, leur matière et leur dynamique. La composition musicale se produit à partir d’une sorte de « Big-Bang » où tout le matériau musical est initialement condensé. Chaque son se fonde sur l’identité et la trajectoire de chaque planète, donne vie à un paysage sonore issu d’une multitude de timbres, de combinaisons et de possibilités harmoniques, mélodiques et rythmiques. Il existe alors, sous l’effet du hasard, une configuration particulière, une conjonction qui correspond à l’unité originaire imaginée par le compositeur. Cette configuration, dans la nature, est extrêmement difficile à obtenir et il en est de même pour la compréhension de notre univers.
Exoplanètes nous chuchote que « nous ne sommes pas le nombre que nous croyons être », que nous venons, ensemble, d’un espace toujours plus grand, que nous faisons partie de ce cosmos à inventer.
Installations réalisées avec le soutien du Laboratoire d’Hydrodynamique (LadHyX), de la Chaire arts & sciences de l’Ecole polytechnique, de l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs-PSL, de la Fondation Daniel et Nina Carasso, du CNRS, de l’Ecole nationale supérieure d’art de Dijon.
LABOFACTORY
Labofactory est un collectif artistique expérimental et ouvert, créé en 2005 par Jean-Marc Chomaz, artiste physicien, Laurent Karst, architecte/designer, François-Eudes Chanfrault, compositeur. En référence à la « Factory » d’Andy Warhol qui avait pour vocation de créer des liens forts entre les arts plastiques et la musique, Labofactory se fonde sur un territoire commun entres les arts et les sciences, un espace de recherche d’où pourront émerger un imaginaire partagé et de nouveaux récits.
Labofactory développe autour de nombreuses collaborations interdisciplinaires des projets artistiques et des installations avec une approche multimédia. Sa production intègre des recherches scientifiques en mécanique des fluides, des problématiques spatiales et sonores. Labofactory a notamment présenté en 2005 lors de Nuit Blanche, Infraespace, une installation à partir d’anneaux de vapeur commandés par le son. Ses installations et métamachines sont présentées en France et à l’étranger, à Paris, Boston, Moscou, Berlin, Amsterdam, Bogota.
Le groupe Labofactory, à travers ses recherches entre l’art et les sciences se positionne face aux questions sociétales, de l’homme au sein de son environnement, de notre rapport au temps, à l’espace, au vivant. Il cherche à révéler les forces telluriques qui déterminent notre trajectoire, notre ressenti. En forçant l’adaptation à de nouvelles conditions sensorielles, les œuvres de Labofactory provoquent des situations émotionnelles capables de faire ressentir d’une autre manière les enjeux actuels. Elles tentent de refonder la vision et l’éthique des sciences et de l’art dans une narration sensible et poétique du monde, affirmant leur dualité.
© Photos : Labofactory
+ d’informations sur l’exposition au salon des « Réalités Nouvelles »