Axes de recherche
L’unité de recherche (UR) « Art & société »
Créée en collaboration avec la Maison des Sciences de l’Homme de l’Université de Bourgogne (MSH Dijon), l’Unité de Recherche (UR) « Art & Société » organise l’ensemble des activités de recherche au sein de l’ENSA Dijon.
Avec le pôle pédagogie, vie étudiante et international, elle fournit le soutien humain, matériel, financier, technique, institutionnel permettant de mettre en œuvre la recherche, et travaille à la diffusion, à la valorisation et à la reconnaissance de la recherche qui s’exerce en art et en design au sein de l’école.
Elle comprend dans ses membres l’ensemble des enseignants de l’école – artistes, designers, théoricien·ne·s –, engagé·e·s dans des activités de recherche, parallèlement à leurs missions d’enseignement ainsi qu’à leurs pratiques professionnelles, artistiques, de design et théoriques individuelles et indépendantes. La recherche réfléchit ainsi les médiums artistiques (design, dessin, peinture, performance, photographie, son, vidéo, volume, etc.) et les formes de savoir (histoire de l’art, philosophie, esthétique, théorie de la culture) pratiqués dans l’école.
La recherche en école d’art : invention, expérimentation, mise en commun
Si l’art et la science — qu’il s’agisse des sciences humaines et sociales, des sciences formelles (logique, mathématiques) et naturelles (physique, biologie, etc.) ou encore des sciences de l’ingénieur — diffèrent par leurs critères internes et leurs finalités propres, ils n’ont jamais été étrangers l’un à l’autre. La recherche leur est consubstantielle, et l’un comme l’autre constituent des activités relevant de logiques d’expérimentation et d’invention.
Au cours de leur histoire, l’art et la science (et la technologie) n’ont cessé d’être interpellés voire provoqués l’un par l’autre : de la géométrie, de la physique ou de la théorie des émotions aux épistémologies contemporaines issues des sciences de l’environnement (écologie), des technologies numériques et de leurs enjeux anthropologiques, comme celles des études de genre et des approches postcoloniales des théories de la culture et de la domination.
Parce que l’interrogation sur les formes de restitution de la recherche appartient au processus-même de la recherche, et tandis qu’aujourd’hui, dans le monde scientifique, de nouvelles formes de démarches et de restitution de la recherche sont en voie d’émergence (practice-based-research, etc.), l’Unité de Recherche « Art & Société », tout en s’appuyant sur les formes académiques consacrées de la mise en commun des résultats de la recherche (colloques, publications), initie, encourage et accompagne l’invention de nouvelles formes, souvent hybrides, spécifiques à la recherche en école d’art : expositions, dispositifs, œuvres collectives…
Structuration de la recherche
La recherche à l’ENSA Dijon s’organise à partir de 2 axes thématiques structurants, transversaux et transdisciplinaires. Ces axes, non exclusifs l’un de l’autre, permettent d’identifier le(s) domaine(s) dans le(s) quel(s) les membres de l’Unité de recherche situent leur activité de Recherche.
Axe 1 — Matériaux, médiums, intermédialités
Cet axe interroge les relations des médiums à leurs propres spécificités (procédures, méthodes, histoires) et leur propre identité, ainsi qu’aux types d’altérités qui les questionnent (hybridations des formes et traductibilité des langages ; relations formes « savantes » / formes « populaires » ; nouvelles technologies ; relations art / culture ; autonomie et hétéronomie de l’art ; question de l’exposition ; etc.).
Axe 2 — Crises, contextes, combats
Cet axe aborde la question de l’art et du design à la lumière de leurs relations avec le savoir et le pouvoir, en tant qu’ils interrogent les pratiques et les dispositifs de visibilité et d’invisibilité, éventuellement générateurs de violence. Dans cette perspective, les pratiques artistiques et de design croisent les formes de savoirs et les pratiques militantes (écologie, féminisme). D’où une insistance particulière sur la question de l’inscription, du lieu (espaces urbains, mondes ruraux, marges, migrations), et de leurs contraires (les non-lieux, le déracinement, etc.).
Au sein de ces deux axes peuvent s’organiser des événements ponctuels (publication, colloque, exposition, etc.) ou bien des programmes de recherche de plus grande ampleur.
Programmes de recherche
1 / Programme Mutations Urbaines
Responsables du programme de recherche : Laurent Matras, Hélène Robert, Leila Toussaint (ENSA Dijon)
ARC associé : ARC « MUUR – Atelier de Recherche sur les Mutations URbaines (resp. Laurent Matras, Hélène Robert, Leïla Toussaint)
Le programme de recherche transdisciplinaire « Mutations urbaines » s’inscrit dans le prolongement des enseignements de Licence et de Master délivrés par l’équipe de l’option Design de l’ENSA Dijon (studios de projet, cours, ARCs, workshops). Il réunit designers, architectes, scénographes, paysagistes, artistes et théoriciens tous domaines confondus dans un espace commun de réflexion, d’imagination, de proposition et d’expérimentation urbaines fortement enracinées dans les réalités écologiques, sociales et politiques de la ville à l’ère de l’anthropocène.
La crise écologique qui frappe actuellement l’humanité — la pollution, l’épuisement des ressources naturelles, la destruction des écosystèmes, la disparition de la biodiversité, le réchauffement et le dérèglement climatiques, la multiplication des épisodes extrêmes comme les sécheresses ou les vagues de chaleur —, ainsi que ses conséquences économiques, sociales et politiques, nous obligent à repenser de manière radicale, non seulement nos modes de production et de consommation, mais aussi nos manières de vivre, et en particulier de vivre la ville, c’est-à-dire de produire et de consommer de l’espace et du temps. Elle questionne nos pratiques de l’espace et nos chorégraphies du quotidien.
Les villes, particulièrement vulnérables aux effets de la crise environnementale, sont pour une importante part responsables de celle-ci. Ce qui signifie qu’elles peuvent aussi être le lieu de solutions locales à ce problème global.
Le design, longtemps cantonné dans la sphère du marketing, constitue aujourd’hui un ensemble ouvert de réflexions, de pratiques et de dispositifs, au croisement de la recherche et de la création, travaillant, à même la perception sensible (« affordance »), sur les représentations et les usages de notre environnement, comme vecteurs de transformation des espaces urbains.
Penser et pratiquer la ville comme un écosystème à part entière, prendre soin (« care ») de la biodiversité végétale et animale qu’elle abrite, promouvoir une agriculture urbaine visant une autonomie alimentaire sans danger pour l’environnement, et plus globalement repenser les relations ville / nature, cela suppose ainsi une réflexion sur les activités et les temporalités socioéconomiques de la ville. À l’image des slow cities qui essaiment partout dans le monde, les villes doivent aussi incorporer les mobilités douces (vélo) et les moyens de déplacements non carbonés dont la croissance actuelle est révélatrice.
L’éco-design réfléchit aux impacts environnementaux des matériaux et des formes qu’il met en œuvre, prône le low tech, le do it yourself, l’auto-construction et le réemploi, en s’inspirant des pratiques vernaculaires. Cette relation au travail de la matière nourrit une relation à l’espace par le réinvestissement des zones laissées vacantes ou sans qualité par la modernisation ou la crise économique : friches industrielles et interstices urbains peuvent être les lieux d’un « urbanisme transitoire » où s’expérimentent des manières autres de vivre collectivement la ville, et une place de parking ou un frontage devenir par micro-intervention (acuponcture urbaine) des espaces d’ « urbanisme tactique » comme autant de gestes — légers et joyeux, temporaires et festifs — visant à reconquérir les rues.
Devant la tendance à la standardisation, à l’uniformisation fonctionnelle, à l’homogénéisation sociale et en fin de compte à la stérilisation d’espaces publics privatisés consacrés de plus en plus exclusivement au commerce et à la consommation sous vidéosurveillance, il s’agit d’imaginer des formes inventives d’habiter la ville qui soient susceptibles de la revitaliser.
Parallèlement, partout se font entendre de plus en plus fort les aspirations des citadins à une démocratie urbaine renouvelée — un « droit à la ville » —, dans laquelle les citoyens, sous une forme collaborative ou participative, se voient activement impliqués dans les projets mis en œuvre par les acteurs privés et/ou publics, portant sur leurs espaces de vie, qu’il s’agisse d’une rue, d’une place, d’un quartier, d’un lieu de vie, de travail, ou encore d’un endroit auquel aucune fonction n’est définie par avance, et qui se réinvente au gré des usages.
L’idée d’une ville désirable — où la notion de plaisir n’est plus annexée au consumérisme — parce qu’équitable (ouverte à tou·tes) exige en effet la prise en compte de la diversité et de l’imprévisibilité des usages et des usagers, quels que soient leur âge, leur genre ou leur origine sociale ou culturelle. Les nouvelles pratiques du design urbain se nourrissent ainsi des apports des théories critiques contemporaines (théories féministes et critique du genre, théories postcoloniales, écologie politique, théories du care). Le programme « Mutations urbaines » s’inscrit ainsi dans le sillage tracé par de nombreux collectifs pluridisciplinaires réunissant urbanistes, vidéastes, designers, écrivains, architectes, philosophes, scénographes, sociologues, paysagistes… (Bellastock, EXYZT, Le Bruit du frigo, Encore heureux…) avec lesquels il est régulièrement conduit à travailler.
Expérimentations in situ, workshops, colloques, publications — comprenant des traductions inédites d’auteurs anglosaxons aujourd’hui incontournables — composent l’ensemble des activités de recherche du programme.
Pour décentrer le regard et approfondir les explorations, le programme de recherche « Mutations urbaines » s’appuie sur le partenariat de l’ENSA Dijon avec l’École des arts et du design de l’université technologique d’Hubei de Wuhan (Chine), avec la mise en œuvre de workshops croisés.
2 / Programme Peinture et couleur
Responsables du programme de recherche : Alain Bourgeois, Anne Brégeaut et Bruno Rousselot (ENSA Dijon)
ARC associé : Pratiques Contemporaines de la peinture (resp. Alain Bourgeois, Anne Brégeaut et Bruno Rousselot)
À l’origine école de dessin, l’ENSA Dijon développe en son sein un programme de recherche centré sur les pratiques actuelles de la peinture.
Ce programme s’inscrit dans le sillage des enseignements délivrés aux étudiant·e·s en Licence et Master (cours théoriques et ateliers, ARCs et workshops). Il s’appuie sur les espaces et les structures de l’école consacrés à la peinture et à la couleur : l’atelier de peinture et l’observatoire européen de la couleur (ECO), qui cartographie les relations entre théories scientifiques de la couleur et pratiques artistiques contemporaines.
Associant étroitement critique historique, réflexion théorique et pratique expérimentale, les activités du programme de recherche « Peinture et couleur » se veulent ouvertes et multiformes : Invitations d’artistes internationaux en présence d’une de leurs œuvres (Olivier Mosset, Pierre Mabille, Eva Nielsen, Philippe Mayaux et Yan-Pei Ming), Conférences et cours théoriques sur l’histoire et l’actualité de la peinture (Michèle Martel et Bernard Marcadé), Workshops avec des artistes invités (Amélie Bertrand, Christophe Cuzin ou Élodie Boutry…), expositions d’étudiants dans des lieux professionnels de l’art.
3 / Programme de résidence de recherche-création en arts sonores
Responsables du programme de recherche : Lambert Dousson (ENSA Dijon) et Nicolas Thirion (ici l’onde, centre de création musicale)
ARC associé : ARC Arts du son
Fondé sur le partenariat de l’ENSA Dijon avec le Centre de Création Musicale Ici l’onde (icilonde.whynote.com, dir. Nicolas Thirion), ce programme de résidence de recherche-création en arts sonores prolonge le programme d’enseignements théoriques et pratiques délivré en Licence et Master, ainsi que l’Atelier de Recherche et Création (ARC) « Arts sonores ». En s’appuyant sur les moyens mis à disposition par les deux institutions partenaires, ce programme donne à un·e artiste (musicien·ne ou non) et/ou un·e designer/euse la possibilité de développer et d’exposer son travail de recherche-création dont le centre de gravité est le phénomène sonore, alliant pratiques artistiques et savoirs théoriques, en privilégiant trois perspectives étroitement articulées les unes aux autres :
1. L’interrogation sur les genres musicaux, leurs spécificité et historicités respectives, mais aussi et surtout leurs porosités et leurs déconstructions réciproques. La réflexivité engendrée par la confrontation entre les musiques contemporaines (fondées sur l’écriture), les musiques expérimentales (fondées sur la manipulation, électronique ou non, du son) et les musiques pop (qui ne se réduisent pas aux productions de l’industrie des hits mainstream), et l’enrichissement théorique des pop music studies, autorisent un regard critique sur les multiples généalogies des arts sonores (de John Cage à Pierre Schaeffer, du field recording à Fluxus, de l’Ambient à Alvin Lucier, de Max Neuhaus à La Monte Young, de Karlheinz Stockhausen à Eliane Radigue, de David Bowie à Aphex Twin, etc.) et renouvelle l’interrogation sur les relations entre écriture, performance et enregistrement, entre pratiques professionnelles et pratiques amateures, du high tech au low tech.
2. L’anthropologie de l’écoute : L’écoute comme attitude corporelle et comme et pratique sociale médiatisée par les (sous-)cultures et les technologies audiovisuelles. Comme nous l’indiquent les développements de plus en plus importants des sound studies, l’écoute constitue un moyen de connaissance sur les structures historiques et techniques des cultures dans leurs dimensions tout autant esthétiques que sociales et politique. Reconsidérant ce que Jonathan Sterne nomme « la litanie audiovisuelle » (Une histoire de la modernité sonore), ce sont les relations entre le sonore et le visuel (le son dans les arts plastiques) qui sont scrutées sous l’angle, non plus du regard, mais de l’oreille.
3. Critique du design sonore : La standardisation de la sensibilité par le capitalisme des industries discographiques et la captation de l’attention par le design sonore, impliqué tant dans les enjeux commerciaux que sécuritaires, engage une réflexion critique sur la manière dont les pratiques artistiques peuvent remettre en mouvement (en liberté) nos appareils de perception : comment réensauvager une écoute domestiquée par un design conçu comme décor de la marchandise ?
Se tenant pour partie au sein de l’école nationale supérieure d’art de Dijon, le programme de résidence de recherche-création en arts sonores, dont cette première année va permettre de définir les contours, comprend, où le volet de recherche-création à proprement parler s’articule à des interventions pédagogiques, et permet à l’artiste en résidence d’exposer son travail.
Projets de recherche 2023-2024
INFILTRATIONS SENSIBLES
[JOURNÉE D’ÉTUDE]
Dates : Hiver 2024 – Amphithéâtre
Organisation et direction scientifique : Jean-Sébastien Poncet et Nathalie Elemento
Les chaleurs extrêmes des étés 2022 et 2023, ainsi que leurs effets dévastateurs (sécheresses, méga-feux, disparition des glaciers, fonte de la banquise…) ont résonné comme un signal d’alerte concernant l’emballement du dérèglement climatique. L’eau se fait rare et des problématiques encore confidentielles il y a quelques années occupent aujourd’hui une part de plus en plus importante de l’espace médiatique.
Comment partager équitablement les accès à l’eau ? Quelles valeurs donner aux zones humides ? Comment et pourquoi désimperméabiliser les sols artificiels ? Que faire pour ralentir le cycle de l’eau ? Ces questions traversent la société civile, des aménageurs concepteurs urbains dont les pratiques sont remises en cause, notamment par la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette), aux militants écologistes dont l’opposition au modèle productiviste de l’agriculture s’est récemment cristallisée autour des méga-bassines, jusqu’à la décision de dissoudre Les Soulèvements de la terre.
Réunissant artistes, designers·euses, curateurs·trices, paysagistes, urbanistes, acteurs·trices institutionnel·les et militant·es, cette journée d’étude sera organisée en 4 tables rondes :
1. Bassins versants : comprendre les enjeux de cycles de l’eau à l’échelle du territoire regards croisés arts/sciences
2. Regards croisés sur l’eau dans la ville
3. Un commun en partage
4. Désimperméabiliser, oui mais comment ? : les ingénieries sensibles.
MÉMOIRES OUVRIÈRES
[JOURNÉE D’ÉTUDE, EXPOSITION ET PROJECTION DÉBAT]
Direction artistique : Marta Álvarez (Université de Franche Comté) et Pascale Séquer (ENSA Dijon).
Assistance muséologique : Tatiana Salazar.
Assistance muséographique : Mathilde Foignot, Vincent Lauth, Laurina Nice, Eugénie Tirole, Blandine Urlacher.
Photographes : Viviane Aymonin, Romane Buisset, Bernard Faille, Quentin Fumey, Juliana Herrán García, Marie Vincianne Maca, Laura Martínez Agudelo, Alexandra Mérienne, Laureano Montero, Elena Loredana Negut, Florence Schall.
Projet réalisé avec l’aide de : DRAC Bourgogne-Franche-Comté, ANR RITM UBFC, Laboratoire CRIT EA3224, Service Science, Arts et Cultures de l’Université de Franche Comté, UFR SLHS, Université de Franche Comté
« Mémoires ouvrières » s’inscrit dans le cadre du projet de recherche commun ENSA Dijon / Université de Besançon initié en 2021 « Mémoires en mouvement », qui veut contribuer à déterminer la place des femmes dans les mouvements sociaux de la région de Bourgogne-Franche-Comté (1967-1985), et s’est jusqu’à présent articulé entre le court-métrage Et pourtant elles étaient là, et l’exposition « Ouvrières ».
Il s’agit dans ce projet de poursuivre la voie ouverte par certain·es chercheur·es, pour se concentrer sur l’étude des actions culturelles qui sont au cœur de ces mouvements. C’est ainsi que dans un premier temps, est interrogée cette présence féminine au sein des groupes de cinéma Medvedkine (Besançon, Sochaux), dans des initiatives telles que la bibliothèque de la Rhodiacéta ou à travers les liens établis avec d’autres mouvements militants (comme entre les ouvrières de Lip et le groupe de vidéastes féministes qui créent en 1982 le Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir).
Ce travail de recherche se veut aussi un travail de mémoire, à partir de la création artistique. Elle vise à favoriser l’échange intergénérationnel, entre ces femmes et les étudiant·es qui intègrent nos équipes de recherche et de production artistique. Le court-métrage Et pourtant elles étaient là croise les voix et les perspectives des générations, en questionnant le militantisme et la place de la femme dans les décennies 1960-1970, des questions qui sont également au cœur d’une exposition photographique.
Ce projet est enfin l’histoire de rencontres au sein d’une équipe interdisciplinaire de chercheur·es (photographie, anthropologie, études filmiques) désirant poursuivre le questionnement sur la représentation du travail : conserver et transmettre les mémoires des luttes des années 60 et 70 à celles d’aujourd’hui, mais aussi donner à voir les visages des travailleuses et de leurs expériences. Comment rendre compte des évolutions des conditions de travail et de leurs impacts sur les travailleuses ? Comment nous positionner nous, artistes et chercheuses, en tant que travailleuses de la représentation ?
Cette réflexion sur les travailleuses de notre temps est mise en perspective avec les discours produits par les médias hégémoniques, et intègre les recherches menées dans le cadre de l’ARC Action Comics de l’ENSA Dijon et dans les journées d’études sur les SuperHéros·ïnes organisées par les Universités de Besançon et de Dijon (Novembre 2022). Comment articuler ces injonctions à l’extraordinaire et à la toute-puissance, omniprésentes dans les objets culturels de masse, avec le monde du travail, surtout dans des métiers qui souffrent de la précarité ? Les travailleuses, se reconnaissent-elles comme des (super) héroïnes du quotidien ou nous apportent-elles plutôt des clés pour déconstruire ces discours dominants et en construire d’autres contre-hégémoniques ?
Nous continuerons ce travail en mettant le passé en dialogue avec le présent des travailleur·es de la région : Est-ce qu’elles connaissent les luttes d’antan ? Comment perçoivent-elles cette mémoire ouvrière ? Qui sont les ouvrières franc-comtoises au temps de la délocalisation et à l’aube d’une possible relocalisation des usines ?
Articulée à la projection débat du court-métrage Et pourtant elles étaient là et à l’exposition des portraits d’ouvrières, de leurs luttes et des leurs espaces dans les bâtiments et les jardins de l’ENSA Dijon, cette journée d’étude transdisciplinaire sera l’occasion de revenir sur les recherches menées ces dernières années dans le cadre du projet « Mémoires en mouvement » et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les années à venir.
LA DIFFUSION DE LA RECHERCHE
La recherche étant au centre de l’activité de l’ENSA Dijon, les ARCs, séminaires, journées d’étude, expositions, workshops, font partie intégrante des enseignements et font l’objet, pour certains d’entre eux, d’une attribution de crédits ECTS.
La diversité des ARCs proposés, de même que la richesse de l’offre et la fréquence des workshops, lesquels s’articulent autour de l’intervention d’invité·e·s extérieur·e·s (artistes, designers, philosophes, anthropologues, chercheurs, écrivains, architectes…) font de l’ENSA Dijon un lieu particulièrement attractif et vivant, en prise directe avec le monde de l’art et les problématiques de notre temps.
Les journées d’étude et colloques, qui permettent d’approfondir sur un ou plusieurs jours une question théorique, philosophique et/ou sociale, donnent lieu à des publications, actes de colloques, blogs, livres, articles…
Un des objectifs est aussi de générer, en collaboration avec le pôle Pédagogie, international et vie étudiante, une mise en réseau internationale de ses sujets de recherche avec des lieux de recherche et de création dans le monde.
Ces moments intenses de la vie d’une école d’art sont aussi le point d’orgue de la valorisation de cette recherche-création inhérente aux questionnements et enjeux rencontrés au croisement des champs de l’art, du design et des sciences (des sciences de la nature et des sciences formelles, comme des sciences humaines et sociales).
Les dernières journées d’étude
- « Cultures alimentaires. Transition écologique et espaces publics », 2023
- « HEARTH. Esthétiques de l’anthropocène », 2023
- « Du groupe. Expériences et fictions » (avec Olivia Rosenthal), 2022
- « Expériences croisées. Relations au vivant » (avec Julie Desprairies), 2022
- « La musique du futur : technologies sonores, histoire et politique » 2021
- « Agoras contemporaines. Processus alternatifs de construction de l’espace public », 2019
- « Figures de l’étranger, archives et actualité », 2018
- « Sur le travail du sexe », 2018
- « Faire ensemble », 2017
- « Non-mixité, self-défense », 2017
- « Back to the Land : réanimer notre sensibilité au vivant », 2017
- « Le dessin contemporain », 2016
- « Biomimétisme : Science, design et architecture », 2015
- « Ce que Michel Foucault fait à la photographie », 2014
Les dernières publications
- Marie Gayet, Sophie Eloy, Erik Verhagen, Jean-Christophe Royoux, Bruno Rousselot, Du Dessin à l’espace, Paris, Hermann 2022
- Jean-Claude Gens (dir.), avec la collaboration de Pierre Guislain, L’esthétique environnementale entre Orient et Occident, Paris, Le Cercle Herméneutique, 2021
- Lambert Dousson (dir.), Agoras contemporaines. Design, démocratie et pratiques alternatives de l’espace public, Paris, Éditions Loco, 2020.
- Manola Antonioli (dir.) avec la collaboration de Jean-Marc Chomaz et Laurent Karst, Biomimétisme, Paris, Éditions Loco, 2017.
- Philippe Bazin (dir.), Ce que Michel Foucault fait à la photographie, Setrogran, 2016.
- Manola Antonioli (dir.), Machines de guerre urbaines, Paris, Éditions Loco, 2015.
Les dernières expositions
- « Sound&Vision vs. Vision&Sound » (org. Jean-Christophe Desnoux, enseignant ENSA Dijon, Nicolas Thirion, directeur artistique de Why Note, centre de création musicale & artiste associé, ARC « Arts du Son », Frédéric Buisson, directeur artistique d’Interface, galerie Interface), Dijon, 8 avril – 15 mai 2021.
- « Rivière sans retour » (org. Bruno Rousselot), galerie Interface, Dijon 23 mars – 20 Avril 2019
- « La peinture en apnée » (org. Xavier Douroux – Directeur du Consortium Dijon, Pierre Tillet – ENSA Dijon et Astrid Handa-Gagnard – Directrice du FRAC Bourgogne), Les Bains du Nord – FRAC Bourgogne, 2017.