Art & Design

ENSA Dijon

06.02.2024

Résidence

CHERIFF BAKALA – ACCUEIL DANS LE CADRE DU PROGRAMME PAUSE

De février 2024 à juillet 2024, l’ENSA Dijon accueille à nouveau Cheriff Bakala, artiste congolais, pour une résidence d’écriture dans le cadre du programme PAUSE, en partenariat avec l’Atelier des Artistes en Exil et le CROUS Bourgogne-Franche-Comté.

Né en 1985 à Kingoue au Congo Brazzaville, Chériff Bakala, de son vrai nom Martin Net Bakala, est auteur, slameur, acteur et chanteur. Il se lance dans la musique, prend goût au théâtre et s’intéresse à la danse. Il crée des spectacles musicaux « documentaires » : Martin Luther King, apôtre de la non-violence (2012), Sony la bombe à hydrogène » d’après les textes de Sony Labou Tansi (2015) et Viva Mandela sur le combat de Nelson Mandela (2017).

Contraint de fuir son pays, il réside en France depuis 2019 et devient membre de l’atelier des artistes en exil. Il anime des ateliers de slam et crée en 2021 avec Rusan Filiztek une version musicale du Giaour de Lord Byron pour le musée national Eugène-Delacroix.

En 2021 il obtient successivement des résidences de création au théâtre sainte Marie-d’en-bas ( CIMN) de Grenoble puis à La Chartreuse lèz Avignon dans le Sud de la France pour le développement du projet «Sony, la bombe à hydrogène »; entre il est invité au festival Les Détours de Babel ( Grenoble ), il passe par le festival Visions d’Exil dans la salle de La Dynamo de La Dynamo( Pantin), et par Montévidéo (Marseille). En tant qu’auteur, Cheriff Bakala est l’un des lauréats du programme PAUSE /Collège de France grâce auquel il effecture une résidence d’écriture de janvier 2022 à juin 2023 à l’ENSA (Ecole Nationale Supérieur Art & Design) de Dijon et l’ESM ( Ecole Supérieur de Musique) de Dijon .

Artiste pluridisciplinaire, il enchaine en tant qu’intervenant extérieur en coaching écriture et mise en voix (rap-slam) dans des collèges, lycée, université. Il a fait partie du groupe Légitime Brigade (au Congo). Il a collaboré avec les rappeurs Awadi (Sénégal), Passi (France), Dyna Max (USA) et Casey (France). Il est co-fondateur de Bakala Band qui est invité au Festival Jaune Moutarde dans le Morvan et au prestigieux VYV Festival de Dijon etc. Il aussi co fondateur de l’association Mossibet’kele (Festival Ici c l’Afrik/ Congo Brazzaville). 

  » Le dernier regard de ma grand-mère »

L’artiste qui explore le texte sous toutes ses formes : écrite, slamée, jouée ou chantée, s’attelle pour la première fois à un projet de roman sur la figure de sa grand-mère maternelle, dans lequel il souhaite mêler proses et poésie, mais surtout lui trouver une forme (multimédia ou print) qui puisse intégrer des pistes sonores de poèmes musicalisés : texte en ligne avec des fichiers son intégrés, texte imprimé avec des QR code renvoyant à des fichiers en ligne… Il souhaite aussi trouver le moyen d’inclure d’autres langues et autres « congolismes », ainsi que leur traduction : lingala, lari, teke, kituba.

Le dernier regard de ma grand-mère s’appuie sur ses souvenirs d’enfance, en lien avec le personnage de sa grand-mère, Antoinette Boudzouan, qui l’a élevé avec son frère et a toujours veillé sur lui : une paysanne illettrée mais éclairée, qui à l’instar de beaucoup d’autres femmes de sa condition, a formé des générations de cadres de la nation congolaise. Aujourd’hui, en exil, cette figure lui revient avec force. S’y pencher est un retour aux sources nécessaire pour avancer dans son parcours identitaire.

Après avoir vécu avec sa grand-mère à Brazzaville, Bakala part en 1993 avec cette dernière et son frère au village pour fuir les guerres tribales qui mettent à feu et à sang la capitale. C’est là qu’il découvre la force et la sagesse de cette femme, pilier de la famille, qui contribue inexorablement au bien-être des siens, de ses enfants comme de ses petits-enfants. Après avoir été négociante en bananes et en arachides au marché du Plateau à Brazzaville, de retour au village, elle cultive le manioc. Plus tard, Bakala est envoyé terminer sa scolarité chez son oncle à Pointe Noire, que la guerre a transformé en camp de réfugiés. Il continue à communiquer à distance avec sa grand-mère, puis il rentre définitivement à Brazzaville en 1999 quand les conflits s’apaisent. L’auteur souhaite revenir sur cette figure qui a bercé son enfance et son adolescence, sur la condition des femmes et leur rôle dans la société, jusqu’à sa dernière rencontre avec celle qu’il appelait Nkara Boudzoua et qui s’est éteinte le 6 janvier 2019 (elle était née en 1935).

La résidence permettra d’avancer sur l’écriture du roman, d’en explorer la forme en concertation avec les enseignants et les étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon et d’enregistrer un cycle de poèmes en relation avec l’École supérieure de musique à implémenter dans le roman.

Cheriff Bakala