24.11.2015

Depuis une dizaine d’années, on observe du côté des pratiques documentaires un renouveau qui affecte leur mode de production et de diffusion. Revendiquant son inscription dans le champ artistique et s’appuyant sur la notion de dispositif, le documentaire filmique est devenu une pratique hybride qui mêle cinéma, théâtre, vidéo et performance, marquant ainsi ses distances avec la prise directe. Construisant des situations et générant de nouvelles expériences, il s’affranchit souvent de la relation authentique au réel qu’il devrait pourtant garantir. De tels bouleversements impactent sa théorisation esthétique qui, pour l’essentiel, procède des seules études cinématographiques et limite le fait documentaire à la seule captation du réel.

Dans quelle mesure peut-on, sur un plan à la fois pratique et théorique, rendre compte de ces pratiques et les qualifier de documentaires ? Tenter d’élaborer une esthétique du documentaire à la lueur de ces pratiques, reviendra à :

 

• D’une part, tenter d’intégrer des formes et des médiums comme la vidéo, la performance – et son ancrage dans la pratique théâtrale –, formats qui se sont construits à l’exact opposé de l’idéal de transparence du médium porté notamment par le cinéma direct dans les années soixante.
• D’autre part, interroger les limites et contours de formes plus strictement fictionnelles (ou parfois expérimentales) que documentaires et voir dans quelle mesure il est légitime de les intégrer dans le champ de la pratique documentaire.

 

Au travers d’un parcours croisé entre théorie et pratique, il s’agira d’analyser les enjeux de ces documentaires artistiques qui oeuvrent à rebours de toute transparence, s’affirment comme pleinement comme artistiques et revendiquent – contre une conception restreinte du documentaire qui le maintiendrait dans les rets de la saisie indicielle – une conception élargie à même d’intégrer (et par là même de légitimer) des formes qui ne sont pas a priori des formes documentaires.

 

Aline Caillet

 

Aline Caillet est Maître de Conférences en esthétique et philosophie de l’art à l’Université Paris-I Panthéon-Sorbonne (Institut ACTE -UMR CNRS 8218, équipe Æsthetica) où elle est également co-responsable de la galerie Michel Journiac. Elle est l’auteur de Dispositifs critiques. Le documentaire, du cinéma aux arts visuels (Presses universitaires de Rennes, octobre 2014) et de Quelle critique artiste ? Pour une fonction critique de lʼart à lʼâge contemporain (Paris, L’Harmattan, L’art en bref, 2008), et a également collaboré entre autres à des ouvrages collectifs (Lieux et non-Lieux de lʼart actuel, Montréal, 2005 ; De lʼart contextuel aux pratiques documentaires, les formes contemporaines de l’art engagé, Bruxelles, La Lettre volée, 2006 ; Pratiques transversales et questions politiques, Sylvie Coellier, Louis Dieuzaide (dir.), Presses Universitaires de Provence ; 2011), revues d’art contemporain (ESSE, Voix du regard, Parade, Proteus, Marges…), et catalogues d’expositions. Elle collabore également ponctuellement avec des artistes sur des projets spécifiques (Avec Sylvie Blocher et Campement Urbain en 2004, Avec Robert Milin en 2012 pour son film Un espace de L’art ?)

 

Cette conférence est organisée dans le cadre de l’Atelier de Recherche et de Création «Arts documentaires : dispositifs pratiques, dispositifs critiques» dirigé par Philippe Bazin et Robert Milin.

 Conférence gratuite, ouverte à tous sur réservation par email (nom, prénom, tél, email) jusqu’à 1h avant l’évènement à communication@ensa-dijon.fr.