Art & Design

ENSA Dijon

18.02.2020

Autre évènement

Des sépultures médiévales dans la cour de l’ENSA Dijon

Dans la cour de l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon, une équipe de l’Inrap a mis au jour une vingtaine de sépultures du Moyen Âge, dont une tombe anthropomorphe. Les inhumations semblent prendre place, du moins pour les périodes les plus anciennes, au sein d’un édifice dont la nature reste à déterminer.

En amont de l’aménagement d’un accès PMR dans la cour de l’ENSA (École Nationale Supérieure d’Arts) par l’OPPIC, les archéologues de l’Inrap ont réalisé une fouille archéologique en novembre 2019, sur prescription de l’État (Drac Bourgogne-Franche-Comté). Lors du creusement d’une tranchée préalable à l’installation d’un réseau, une vingtaine de sépultures, partiellement conservées, ont pu être dégagées. Seules les tombes concernées par l’aménagement ont fait l’objet d’une fouille. Le chantier se situe non loin de la crypte de la cathédrale Saint-Bénigne et d’un ancien monastère médiéval. Les archéologues ont ainsi l’opportunité de documenter des faits funéraires dans un contexte religieux très marqué.

Vue depuis la fouille, de la cour de l’école et de la cathédrale Saint Bénigne (Séverine Baudin)

 

DES INHUMATIONS EN COFFRAGE

Les sépultures représentent les vestiges les plus notables : elles sont pratiquées selon différents modes funéraires. La plupart des inhumés sont placés dans des coffrages : ces constructions installées in situ prennent diverses formes. En bois ou en pierres, certaines sont aussi mixtes, c’est-à-dire composées de ces deux matériaux. Les parois des coffrages de pierres peuvent être constituées de petits murets ou de dalles disposées de chant. Ces bordures soutiennent des couvertures en dalles calcaires. Parmi ces sépultures, la plus ancienne paraît plus exceptionnelle dans le contexte régional : le défunt a été installé dans une tombe anthropomorphe aux parois recouvertes de mortier. Celui-ci a piégé des restes de tissus qu’il reste à étudier. Une première datation radiocarbone attribue cette tombe aux XIe-XIIe siècles ce qui correspond au plein développement du monastère après la réforme de Guillaume de Volpiano, prêtre clunisien et à l’origine de la reconstruction de l’église de Saint-Bénigne au début du XIe siècle.

Vue zénithale de la sépulture 22 : la sépulture est la plus ancienne fouillée sur le site. Elle présente une forme anthropomorphe avec une logette céphalique (aménagement au niveau de la tête). (Séverine Baudin)

 

// Article rédigé par l’Inrap //

 

  • Restes de tissus piégés dans le mortier et recouvrant les parois de la sépulture 22 (Séverine Baudin)

  • Restes de tissu piégés dans le mortier de la sépulture 22 : la trame s’est dégradée avec le temps mais les fibres sont encore visibles (Séverine Baudin)

  • Portail de l’ENSA avec en fond la cathédrale Saint-Bénigne : la fouille se situe derrière le mur de l’école (Benjamin Saint Jean Vitus)

  • Nettoyage de la zone de fouille après l’intervention de l’entreprise de travaux publics. La tranchée de préparation de l’installation d’un réseau est visible, de même que les dalles de couverture de plusieurs sépultures (Séverine Baudin)

  • Vue depuis la fouille de la cour de l’école et de la cathédrale Saint-Bénigne (Séverine Baudin)

  • Sépultures en coffrages de pierres. On observe également la tranchée effectuée par l’entreprise de travaux publics (Séverine Baudin)

  • Sépulture double : les deux sépultures ont vraisemblablement été installées simultanément ou presque. Elles sont toutes deux installées dans un coffrage de pierres dont l’un est de meilleure facture. La rangée de pierres disposées de chant servait à maintenir la couverture des deux sépultures. (Stéphanie Forel-Boeckler)

  • Sépulture en coffrage mixte de bois et de pierres. Les jambes ont été recoupées par l’installation d’une autre sépulture tandis qu’un fémur provenant d’un autre individu se trouve sur le bord remanié par les travaux des années 80. (Stéphanie Forel-Boeckler)

  • Vue zénithale de la sépulture 22 : la sépulture est la plus ancienne fouillée sur le site. Elle présente une forme anthropomorphe avec une logette céphalique (aménagement au niveau de la tête). (Séverine Baudin)

  • Au fond, niveau de sol blanc construit sur lequel repose la sépulture 22. Les moellons des parois sont observables sur la droite. La succession des couches les plus anciennes observées lors de la fouille (Séverine Baudin)

  • Prélèvement d’une sépulture en coffrage de pierre en partie abîmée par les travaux des années 80 (sur la droite) (Katia Lagorsse)

  • Sépulture 27 en coffrage mixte, une construction in situ faite pierres et de bois. La sépulture a été abîmée sur son bord gauche par la construction d’un bâtiment dans les années 80 : le crâne et une partie du squelette ont été détruits (Séverine Baudin)

  • Relevé de la coupe principale du site. Sous le niveau de goudron, les couches modernes recouvrent les couches médiévales dans lesquelles les sépultures sont installées. Le crâne et les dalles recouvrant la sépulture apparaissent en partie dans la coupe (Manon Michelin)

  • Dégagement d’une sépulture et notamment des dalles de surface : la sépulture est très étroite et très abîmées par des travaux des années 80 : son étroitesse lui donne l’apparence d’un mur. Au fond, on distingue la sépulture 22. (Stéphanie Hollocou)

  • Prélèvement des restes de tissus de la sépulture 22 (Manon Michelin)

  • Prélèvement des restes de tissus de la sépulture 22 : le mortier et les restes de tissus sont décollés de la paroi à l’aide d’une spatule (Manon Michelin)

  • Reste de tissus incrustés dans le mortier appliqué sur les pierres de la sépulture : prélèvement « bloc » pour préserver le tissu (Manon Michelin)

  • Prélèvement de différents enduits peints dont certains « à plat » blancs et un motif figuratif (Stéphanie Hollocou)